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Mobilité des morts : OGF ouvre ses portes à une recherche universitaire sur les trajets funéraires
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« Loin d’être condamnés à l’immobilité, les morts deviennent mobiles par la volonté des vivants ». C’est en partant de ce constat que Pierre Louer--Saingeorgie, doctorant à Sorbonne Université, a décidé de consacrer ses recherches à cette ultime mobilité. Mais de quels types de trajets s’agit-il ? Que disent-ils de notre rapport à la mort, et à nos morts ? Et comment ont-ils évolué au fil des siècles ? Pour y répondre, le doctorant est notamment allé à la rencontre des équipes d’OGF sur le terrain.
Histoire des trajets funéraires : une tradition
Déplacer le corps est un rite de passage que nous constatons tous les jours auprès des familles. Il permet aux vivants de se séparer du défunt. « D’accepter » son départ. Longtemps, les dépouilles ont suivi le même parcours : veillée, procession funéraire jusqu’à l’église, puis enterrement. Cette tradition s’est perdue, mais « de nouvelles formes et de nouveaux lieux de prise en charge des morts […] se sont substitués à l’habituel triptyque : domicile-église-cimetière ».
Par exemple, l’on ne décède plus au domicile mais en milieu hospitalier. 73 % des décès se sont produits en milieu hospitalier en 2016 (contre 33 % en 1964).
Les trajets funéraires au XXIe siècle : transports, rapatriements et crémation
Mais aujourd’hui, qu’en est-il ?
« Il n’est pas rare aujourd’hui que les morts soient déplacés sur plusieurs centaines, voire milliers de kilomètres […] et empruntent des moyens de transport diversifiés (corbillards, traversiers, avions, hélicoptères…) ».
C’est notamment ce qu’a pu expliquer Sébastien Camus, Directeur OGF Armorique, qui a ouvert les portes de son territoire au doctorant. « Pierre Louer--Saingeorgie avait besoin de moi pour que je lui raconte où et comment on s’occupait des défunts, afin d’alimenter ses recherches. »
Afin de répondre aux besoins des familles, le Groupe OGF propose des services adaptés et personnalisés pour faciliter les transports des défunts, d’une région à une autre ou d’un pays à un autre. Les transports routiers longue distance (Les Hirondelles) ou le rapatriement aérien sont autant de modalités de transport qui reflètent la diversité que le caractère unique de chaque funérailles.
Mais cette hypermobilité des morts s’explique également par l’essor de la crémation. A l’échelle du pays, 47 % des défunts sont aujourd’hui crématisés, contre seulement 1 % en 1980. « Et les cendres sont promises à un avenir rempli de possibilités, (et de mobilités), observe Pierre Louer--Saingeorgie. Mer, lac, montagne, forêt, champs, grotte sous-marine, depuis un aéronef ou même dans la stratosphère ou dans l’espace. […] Presque tout espace peut devenir l’espace d’un mort, et presque tout mort peut devenir celui d’un espace ».
A noter que les travaux du doctorant n’en resteront pas à cette première publication. En 2024, Pierre Louer--Saingeorgie a entamé une thèse à Sorbonne Université, intitulée « Corps inertes, morts mobiles. Les trajectoires des morts en France : (dé)placements, circulations et représentations »


